1,7% des clients perdus par les libraires à cause des DRM

C’est ballot : les DRM mis au point par Adobe ne fonctionnent qu’avec les formats ePub ou PDF1 !

Autrement dit, impossible de vendre un livre avec DRM à un possesseur de Kindle. Déjà qu’il est difficile de vendre un livre avec DRM dans pour les appareils compatibles, c’est mission impossible pour le Mobipocket utilisé par le Kindle.

À ce qu’il paraît, la part de marché représentée fin 2015 par les livres numériques par rapport aux livres papier est de 4,1%. Amazon assure grosso modo 42% du marché du livre numérique. On peut donc en déduire que plus de 1,7% des acheteurs de livres possèdent un Kindle, et donc que leur libraire ne pourront pas leur vendre les titres DRMisés qu’ils comptaient lire sur leur Kindle. Déveine supplémentaire : il s’agit des plus gros lecteurs.

Trois réflexes possibles pour le futur ex-client selon son degré de bonne volonté ou de compétence en informatique :

  1. Acheter malgré tout le titre DRMisé et faire sauter le verrou après achat. Cela demande d’être un peu à l’aise avec le maniement de son ordinateur, et si ça ne marche, pas, tout est bloqué, et il faut retourner chez son libraire qui devra dans le meilleur des cas annuler la commande et la repasser.
  2. Se procurer une copie pirate (dans ce cas, non seulement le libraire, mais toute la chaîne du livre aurait tout perdu)
  3. Ouvrir un compte sur Amazon (en se promettant d’y rester la prochaine fois, y compris pour les livres sans DRM).

Heureusement qu’il reste les beaux livres et la bande dessinée pour que ces clients reviennent de temps en temps chez leur libraires ! Ah ben non, où ai-je la tête, maintenant qu’ils ont un compte chez Amazon, pourquoi n’achèteraient-t-ils pas là aussi le dernier Boulet : et pendant qu’on n’y est, une nouvelle serviette de bain en promotion.

Les DRM coûtent cher à la chaîne du livre

Avec la DRM light de l’IDPF, les éditeurs qui ont fait le choix des DRM s’économiseront la dîme qu’ils payent aujourd’hui à Adobe, mais le surcoût est le même pour les libraires, puisqu’il se traduit surtout en SAV : comparer les 22 centimes payé à Adobe pour chaque exemplaire DRMisé au coût d’une discussion de 10 minutes — parfois tendue — avec son client. Voir point 1 ci-dessus.

Les DRM entérinent le fait que la chaîne du livre ne sert qu’au papier

Dans l’esprit des éditeurs qui adoptent les DRM, les libraires ne servent qu’à vendre du papier. C’est en effet le cas à 95%, mais si leur marge nette est de 1,7%, et qu’ils perdent 1,7% de clients, combien seront-ils à mettre la clé sous la porte et donc à ne plus vendre de papier ?

Les grands groupes internationaux commencent à se poser des questions

Il semblerait que Macmillan soit le premier des grands groupes à prendre le problème au sérieux. Ou plutôt, sa maison mère :

I have no info as of yet on Macmillan going DRM-free, but the most likely cause for delay (besides corporate inertia) would be making sure that the distributors offer digital watermarks as a DRM option.


  1. Malheureusement, la DRM alternative mise au point par l’IDPF ne change strictement rien à l’affaire